Comment découvrir la crypto sans se prendre la tête ?

Découvrez en quelques minutes comment vous créer une adresse Ethereum pour conserver vos cryptos et vos NFTs. Voici tout ce dont vous avez besoin de savoir pour vous aborder l’univers du Web3 avec la plus grande sérénité.

Julien Béranger
7 min readNov 13, 2021

Créer une adresse Ethereum

Pour se créer une adresse Ethereum, il faut commencer par installer ce qu’on appelle un wallet, c’est-à-dire un portefeuille numérique qui va vous permettre de conserver vos cryptos. Le plus simple c’est de télécharger MetaMask sur votre ordinateur ou sur votre téléphone. Ça prend cinq minutes et ça ne coûte rien. C’est très facile vous verrez ! Vous pouvez suivre ce tuto si vous préférez être guidé pas à pas.

Tout l’intérêt des cryptos, c’est d’être en contrôle de son propre argent. Vous n’avez pas du tout besoin d’ouvrir un compte sur je ne sais quelle “plateforme” à la con. C’est MetaMask qui gère vos clés privées et c’est très bien comme ça : à partir du moment où vous avez planquer une ou deux copies de votre seed phrase (les fameux 12 mots à recopier), vous êtes tranquille.

Les plus paranos vont jusqu’à conserver leur clé privée sur Crypo Steel… d’autres mettent une simple feuille de papier ou bien leur Ledger sous coffre. Le gros avantage de MetaMask c’est que vous pouvez facilement interagir avec n’importe quel service Web3 depuis votre ordi ou votre téléphone. Vous pouvez tout-à-fait avoir un compte ultra-sécurisé (type Ledger) d’un côté, et un compte pour un usage quotidien (MetaMask, Argent, …) de l’autre, ça fait partie des bonnes pratiques.

Crypo Steel : vous en planquez un dans le jardin, un chez mamie. Le truc résiste aux feux, inondations, etc.

Se procurer de la crypto

Votre wallet est désespérément vide… mais pas de panique, on va arranger ça ! La première façon de se procurer de la crypto, c’est de l’accepter dans ses échanges. En Europe un commerçant est obligé d’accepter l’euro, mais nos lois autorisent évidemment les paiements en monnaies étrangères, en monnaies locales ou en cryptos. Les cryptos peuvent être considérées comme des monnaies complémentaires. Il n’y a franchement rien de sorcier.

Si vous n’avez pas de produit à vendre ni de service à proposer, vous pouvez en acheter. Il faut savoir que les frais de transaction sont assez élevés sur Ethereum qui est victime de son succès… J’explique plus loin comment éviter ces frais de transaction, mais si ces frais-là ne vous font pas peur, allez au plus simple : ouvrez MetaMask, cliquez sur “acheter” et achetez-vous une poignée d’ETH avec Wyre par exemple. Vous choisissez le montant, vous faites un coup de CB. Fin de l’histoire.

Pour échanger vos ETH contre d’autres cryptos, comme le wBTC par exemple, vous pouvez utiliser Uniswap : c’est un des meilleurs exchanges disponibles. Un exchange, c’est un service de change de cryptos. Ce qui est chouette avec Uniswap, c’est qu’aucune entreprise ne contrôle le service. On appelle ça un exchange non-custodial parce que l’exchange ne garde pas votre argent, donc il n’y a pas de risque qu’ils partent avec la caisse ou se fasse attaquer ce qui arrive très souvent dans ce drôle de Far West qu’est le monde merveilleux des cryptos.

Éviter les frais de transaction

Polygon est une blockchain qui fonctionne de la même façon qu’Ethereum. Les frais de transaction y sont beaucoup plus faibles, donc ça peut être un terrain de jeu beaucoup plus accessible. On peut utiliser MetaMask de la même façon, et votre adresse publique reste la même.

Pour ajouter ce réseau dans MetaMask, rendez-vous sur Chainlist.org : vous y trouverez “Polygon Mainnet” et vous pourrez l’ajouter à MetaMask en cliquant sur “Connect wallet”, puis sur “add to MetaMask”.

Pour vous procurer du MATIC, la monnaie native du réseau Polygon, vous pouvez utiliser Ramp qui permettent d’acheter du MATIC avec des euros, comptez environ 2,50 € de frais de change pour ce type d’opération. Ensuite, vous pouvez faire vos courses sur Quickswap qui est l’équivalent d’Uniswap sur Polygon. Vous me suivez ? Là, vous pouvez acheter de l’ether (wETH ou stETH), du bitcoin (wBTC), etc.

Huggy les bons tuyaux

Une des stratégies les moins risquées, c’est d’acheter une poignée d’ETH de temps en temps, et basta. Ne vous préoccupez pas du prix. Le prix des cryptos est très volatile et peut chuter brutalement du jour au lendemain. Ne dépensez pas de l’argent dont vous avez besoin. Ça paraît évident mais c’est très important de le rappeler.

Ne comptez pas sur moi pour vous donner le moindre conseil en investissement ici. Si vous avez envie de prendre plus de risques, commencez par apprendre à faire la différence entre un projet cool et un projet foireux, mais ça demande pas mal de connaissances très variées. Certains vous diront qu’il n’y a “pas de récompenses sans risques” et c’est vrai… encore faut-il être capable d’identifier ces risques. Ces choses-là s’apprennent et demandent une patience de fer. Vous avez probablement mieux à faire que de jouer au trader du dimanche. Considérer les cryptos uniquement sous l’angle de “l’investissement” est assez naïf. Des milliers de projets crypto recrutent actuellement à tour de bras, et dans tous les domaines.

Web3

Ce qu’on appelle “Web3”, c’est un ensemble de techniques qui visent à rendre le web plus décentralisé, plus vérifiable et plus sûr. Il est question de s’émanciper progressivement des intermédiaires, de reprendre le contrôle sur nos données personnelles, sur notre propre identité et sur nos échanges que l’on souhaite libres, directs et sécurisés.

Juan Benet explique en détail ce qu’est le Web3

Deux mots sur Ethereum

Ethereum existe depuis le 30 juillet 2015. Des milliers de chercheurs travaillent de façon coordonnée et organisée pour améliorer les choses au fur et à mesure. Ces techniques de moins expérimentales sont toutes open source.

Créer sa propre monnaie

Un des premiers objectifs d’Ethereum était de permettre à tout un chacun de créer sa propre monnaie et c’est une promesse largement tenue : aujourd’hui on compte des milliers et des milliers de monnaies en circulation sur Ethereum. Le programme qui définit ce type de monnaies se rédige en une dizaine de lignes de code. C’est ce qu’on appelle un smart contract et ça ressemble à ceci :

Un exemple de contrat de token ERC-20

C’est toujours mieux de tester soi-même les choses, vous pouvez utiliser ce tutoriel pour créer facilement votre propre monnaie… qui ne vaudra probablement rien du tout ! Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle un shitcoin et c’est le triste destin de la grande majorité des monnaies en circulation sur Ethereum. Même si elle ne vaut rien, votre monnaie “artisanale” est infalsifiable et bénéficie de la sécurité d’Ethereum.

Envoyer de l’argent facilement

Pouvoir s’envoyer de la valeur sans payer de frais de transaction supérieurs à 10 centimes a toujours été considérée comme essentiel au sein de la communauté. La hausse continue du nombre d’utilisateurs d’Ethereum a remis les choses en question : une transaction simple peut aujourd’hui coûter plus de 5 euros ce qui ne fait aucun sens si on doit envoyer des petits montants.

Nous vivons actuellement l’émergence de ce qu’on appelle des layers 2, ou “L2s” pour les intimes. Ce sont des réseaux qui sont reliés à Ethereum, c’est-à-dire qu’ils bénéficient de la sécurité d’Ethereum. Les coûts de transaction sont très faibles et les temps de confirmation sont très courts. Ces améliorations importantes ouvrent la voie au développement d’applications Web3 encore plus simples et agréables à utiliser.

Sur la conso d’énergie

Le 15 septembre 2022, Ethereum est passé en Proof-of-Stake (le Merge). C’est une évolution très attendue notamment parce que le réseau va d’un seul coup consommer beaucoup moins d’énergie. Sur le sujet de la conso d’énergie des cryptos, je vous recommande de lire l’article de Carl Beekhuizen qui explique tout ça en détail.

Sonnant et trébuchant ETH

Chaque modification du fonctionnement d’Ethereum fait l’objet de ce qu’on appelle un EIP (pour “Ethereum Improvement Proposal”), c’est-à-dire une proposition d’amélioration du protocole. Les EIPs sont discutés pendant des mois, parfois pendant des années, et doivent obtenir le feu vert d’une majorité dans la communauté pour être intégrés définitivement. Ethereum est un logiciel open source construit et maintenu par sa communauté.

L’EIP-1559, implémenté en août 2021, inclut une réforme du design monétaire d’Ethereum. Désormais, une certaine quantité d’ETH est régulièrement “brûlée”, c’est-à-dire qu’on a introduit une notion de destruction monétaire dans le protocole, ce qui a pour effet de réduire mécaniquement la masse monétaire. On a maintenant une forme nouvelle d’équilibre entre les nouveaux ETH créés et ceux qui sont détruits.

Ce qui est important à comprendre c’est que l’ether (ETH) n’est pas une monnaie “virtuelle”. C’est une monnaie bien réelle. De l’argent tout court. L’ETH est bien plus sonnant et trébuchant que l’euro ou que l’or. Vous savez maintenant que ça existe, vous avez pu vous créer une adresse publique et vous savez comment vous en procurer.

Au delà des aspects monétaires, on peut dire que ces nouvelles techniques ont aussi vocation à faciliter la coopération et à améliorer les relations inter-humaines. On sait comment sécuriser des transactions financières sans l’aide de nos amis banquiers ni celle des gouvernements, ça signifie aussi qu’on est capables de faire du vote avec le même niveau de sécurité. Je ne suis pas le seul à trouver les débats sur la prise de décision collective on-chain absolument passionnants. Les expérimentations sont nombreuses, variées et nécessaires: les DAOs par exemple ont le potentiel de changer radicalement un certain nombre de pratiques démocratiques. Ça viendra sans doute plus rapidement que vous ne le pensez et tout commence par l’installation d’un simple wallet.

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Julien Béranger

DevRel at Arthera | Member of the W3HC | Co-founder of Āto | Founder of Strat | Volunteer at Emmaüs Connect